Stopper les crises de boulimie

Dans cet article, je vais te parler de la boulimie.
Peut-être me connais-tu sur Youtube et sur Instagram à travers ce sujet, car j’ai lancé ma chaîne Youtube en parlant énormément de ma boulimie.
J’y ai documenté ma guérison, et toutes les choses que j’ai apprises sur cette maladie.

Aujourd’hui, je reçois encore beaucoup de messages et d’interrogations à ce sujet. Je vais donc tenter d’y répondre une fois pour toutes.

Avant de commencer…

Je ne suis pas une professionnelle des troubles du comportement alimentaire, je partage simplement mon expérience. Elle ne concerne que moi, il y a autant de troubles du comportement alimentaire que de personnes atteintes de troubles du comportement alimentaire.

Néanmoins, mon expérience peut avoir de la valeur pour toi, parce qu’elle m’a permis de distinguer différents types de crises, différentes astuces, et différentes choses à mettre en place, dans lesquelles tu te retrouveras
peut-être.

Quoi qu’il en soit, n’hésite pas à te faire accompagner
sur ton chemin de guérison, à choisir un professionnel de santé qui te correspond : un.e diététicien.ne, un.e psychologue, un.e psychiatre…
Choisis quelqu’un qui connaît bien les troubles du comportement alimentaire, et ne baisse pas les bras si tu ne te sens pas immédiatement compris.e. Il faut parfois un peu de temps, il faut parfois expérimenter plusieurs professionnels de santé, avant de trouver le bon.

Se faire accompagner n’est en rien une honte: au contraire, c’est une vraie preuve de courage et de force.
Savoir demander de l’aide et prendre conscience qu’il est parfois impossible d’avancer seul.e est une marque de sagesse, et souvent un premier pas vers la guérison.

Ceci étant dit, entrons dans le vif du sujet.


Les incontournables

La première étape du processus de guérison d’un TCA, c’est de reconnaître que ce que l’on vit est une maladie, que ce n’est pas normal, que ce n’est pas durable, ni viable.
Qu’il y a un problème, et qu’il faut le régler.
Sans ça, malheureusement, on n’arrive pas à aller de l’avant, parce qu’on minimise le problème.


Pour ma part, j’ai entamé ma guérison en 2018, avec mes résolutions de l’année : j’avais écrit une liste d’objectifs sportifs, professionnels, personnels… dont le tout premier élément, était « guérir de ma boulimie ».

Une autre erreur fréquente dans le processus de guérison est de ne pas se faire accompagner par un.e professionnel.le, par une personne spécialisée dans les troubles du comportement alimentaire.
Dans mon cheminement personnel, c’est un aspect qui m’a énormément ralentie, car j’ai fait tout le travail seul.e.
Alors oui, pour moi, cela a fonctionné. Mais au prix d’un long chemin, bien sinueux.

Ne fais pas de ta guérison une affaire de fierté, ne t’accroche pas à l’idée de t’en sortir seul.e : te faire accompagner te fera gagner beaucoup de temps et d’énergie, des éléments précieux pour toi dans ce moment charnière de ta vie.



Les différentes étapes possibles

  • La première chose que j’ai mise en place dans ma guérison, c’est l’arrêt total des compensations.

Donc, plus de vomissements, plus de sport à outrance, de privations ou de jeûne après une crise, de prise de laxatifs… quelle que soit la manière dont tu essaies de compenser l’effet de tes crises.
Dans mon cas, cela a grandement limité les crises en quantité, mais pas forcément pour les bonnes raisons.
En effet, j’ai arrêté les crises après avoir arrêté de compenser pour la simple raison que j’avais extrêmement peur de grossir.
Mais même si cette première étape n’a finalement pas été effectuée avec le bon état d’esprit, elle a représenté un point de départ pour moi, une manière d’explorer :
« Et qu’est-ce qui se passe si, maintenant, la crise n’a plus de conséquences ? »

L’objectif, à plus long terme, est d’arriver à lâcher la compensation ET surtout la culpabilité qui va avec.


Toutefois, si tu sens que commencer par cette étape pourrait t’occasionner beaucoup de stress et d’angoisse, tu n’es pas obligé.e de démarrer par là.
Dans ta guérison plus que dans n’importe quel domaine, est important que tu respectes ton rythme : ne fais pas quelque-chose que tu sens au-dessus de tes forces.
Cela pourrait avoir un effet plus traumatique que bénéfique.

  • Le moins risqué est probablement de travailler sur le « pourquoi » de tes crises, les différents facteurs, les différentes dimensions de ton trouble du comportement alimentaire.


En général, il y en a un certain nombre.

Pour moi le premier facteur était la restriction.

D’une part, la restriction physique : le fait que je ne mangeais pas suffisamment en quantité et en calories.

Mes repas normaux ne me nourrissaient pas suffisamment, j’étais physiquement en situation de pénurie, de manque.
Mes craquages alimentaires étaient donc d’abord liés à une sensation de faim physique. Il était donc normal que mon corps cherche à aller vers la nourriture, à rompre cette situation de famine.

D’autre part, la restriction cognitive : le fait de s’interdire certains aliments jugés « malsains » pour les remplacer systématiquement par d’autres « plus sains ».

Par exemple :
« J’ai envie de cookies, mais je pense que ce n’est pas bon pour moi, que cela va me faire grossir. Je dois prendre autre aliment : un fruit, un fromage blanc … »
Je me prépare alors cet en-cas « sain », mais après l’avoir mangé, j’ai encore envie de cookies.
Donc je me dis : « Je vais faire quelque chose de plus consistant, un petit toast par exemple ». Après ce toast, j’ai toujours très envie de cookies, et je finis par faire une énorme crise, parce que je n’ai pas comblé mon envie de cookies.


La restriction cognitive peut aussi prendre d’autres formes :

Je mange quelque chose, et pendant que je le mange, je culpabilise de le manger.

Je me dis c’est mal, que je vais grossir, et qu’il va falloir rattraper cela demain, « reprendre les bonnes habitudes », retourner à ma diète.


Je m’autorise un aliment, par exemple le fromage ou le chocolat, mais dans une limite de quantité. Par exemple, « j’ai droit à ce chocolat au lait, mais seulement 1 ou 2 carreaux ».

La restriction cognitive alimente notre sentiment d’impuissance face à l’alimentation, notre manque de confiance en nous, et nos croyances limitantes sur notre capacité naturelle à nous réguler.

Lors de ma phase de guérison, j’ai fait le travail de stopper ces deux types de restriction, afin de briser le cercle vicieux :

« Plus je me restreins, plus je craque ».

En ce qui me concerne, cela s’est fait de manière assez brutale.


Mais attention !
Cela ne signifie pas que tu dois t’autoriser tout, sans restriction, du jour au lendemain.


Encore une fois, ne fais pas quelque-chose qui risque de te causer trop d’anxiété et de stress.
Tu peux effectuer ce lâcher-prise petit à petit, un aliment après l’autre, en essayant de te reconnecter peu à peu à tes sensations corporelles. Tu peux prendre le temps d’expérimenter de nouveaux aliments, de nouvelles recettes, tout en augmentant peu à peu les quantités dans ton assiette, tout en te questionnant sur ce qui te ferait plaisir, ce dont tu as réellement envie, etc.

  • Autre chose que j’ai changé dans mon quotidien : stopper ma peur de grossir.

Lorsque j’ai lâché prise sur mes réflexions, j’ai aussi lâché prise sur ma vision de mon corps, de la beauté, de ce qui est bien, de ce qui est mal, de ce qu’est la santé.

J’ai appris à ne plus voir quelqu’un qui a des abdos saillants comme absolument la seule façon d’être en santé.

Ma guérison de la boulimie est passée par une énorme phase de déconstruction, de déprogrammation, de déconditionnement.
Parce que nous sommes conditionnés à penser d’une certaine manière, par les réseaux sociaux, par les médias, par l’industrie du régime et du fitness.

Nous sommes conditionnés à croire certaines choses sur notre corps et sur notre alimentation, qui ne sont pas nécessairement vraies.

J’ai donc réappris à voir des corps différents, j’ai fait un énorme tri sur les réseaux sociaux : je me suis désabonnée d’énormément de personnes qui me faisaient culpabiliser, qui me faisaient penser d’une certaine manière.

Je me suis désabonnée de tous les comptes « healthy food » que je suivais, parce que oui, ce n’était que de la bonne nourriture, de la nourriture « saine »… sauf que finalement, cela me faisait culpabiliser à chaque fois que je mangeais quelque-chose d’un petit peu « malsain ».


Et justement, à ce sujet, j’ai appris qu’ il n’y avait pas d’aliments « sains » ou « malsains », mais plutôt qu’il y avait des aliments. Point.
Ces aliments là, je peux, tu peux, nous pouvons tous les intégrer à notre alimentation.


Ce qui comptait finalement, c’est la durabilité :

Je me suis rendue compte durant ma guérison que tout ce que je voulais être, tout ce que j’avais mis en place dans mon quotidien, toutes ces choses que je voulais tenir… n’étaient ni saines, ni durables.
Je ne voulais pas manger de chocolat, de chips, ou de tout autre aliment que je considérais « malsain », et m’interdisais donc d’acheter.

Or, j’ai découvert que cela avait l’effet inverse : être sans cesse en situation de pénurie me poussait à craquer sur ces aliments lors de compulsions.
Par contre, le fait de les avoir dans mon placard et de me les autoriser sans limite m’a permis d’arrêter d’être obsédée par ces aliments.

J’avais différentes peurs liées à mon contexte familial, notamment le diabète, l’hypertension d’obésité, dont il y avait des cas dans ma famille.
Cela a suscité chez moi une énorme peur de grossir, d’être malade … or j’ai fini par réaliser que, sur le long terme, mes crises de boulimie étaient ma seule véritable maladie.

C’était elles que je devais régler dans un premier temps.

Une fois mes problèmes de boulimie réglés, mes restrictions lâchées, je me suis rendue compte très vite que mes envies se régulaient.
Je m’autorisais du chocolat, et finalement, je n’en avais pas tant envie que cela au quotidien. Sur le long terme, j’avais envie de légumes, de fruits, aussi bien que de pizzas et de cookies.

  • J’ai aussi appris à déculpabiliser mes envies émotionnelles de manger : ce n’est pas quelque-chose de mal.

Par contre, ce qui fait mal, c’est de culpabiliser derrière ces envies émotionnelles de manger.

J’ai donc tout simplement accepté que parfois, je peux avoir du mal à accepter certaines émotions, et qu’elles peuvent être pour moi apaisées avec un peu de nourriture. Et c’est totalement ok.

J’ai complètement arrêté de me prendre la tête par rapport à ça.


Globalement, cela fait aujourd’hui plus de deux ans que je n’ai pas fait de crise de boulimie, ou du moins que j’ai totalement accepté des moments où je mangeais un peu plus que nécessaire… parce que je me suis rendue compte qu’en fait, c’était complètement ok, c’était complètement normal.
C’est quelque chose qui rentre aujourd’hui pleinement dans mon équilibre.


Je me suis rendue compte qu’il y avait encore des moments où je mangeais un peu plus que ma faim, où je mangeais un peu plus que là où mon rassasiement me dis stop, et j’ai compris que finalement, c’est l’équilibre sur la durée qui importe.


J’ai également énormément lâché prise et déconstruit ma vision du sport, parce que j’étais très obsédée par mon activité physique.

J’ai commencé à ralentir de manière drastique le sport, je n’en ai pas fait pendant plusieurs semaines, pendant plusieurs mois et j’ai repris de manière douce, en écoutant mes sensations et en faisant du sport plus fun, plus bienveillant.

J’ai compris, grâce à l’arrêt de ce sport obsessionnel, que mon corps n’allait pas prendre dix kilos si j’arrêtais pendant un mois. C’est faux, c’est une croyance que l’on a !

Comme pour les autres aspects de ta guérison, tu peux respecter ton rythme pour lâcher-prise sur l’activité physique : commence par un seul jour d’inactivité, ou d’activité douce, puis deux, puis trois…L’important est de progresser en te sentant en sécurité.

A la longue, tu apprendras à te faire confiance, à faire confiance à ton corps.
Ton corps te parle, il t’envoie des signaux, il sait ce qui est bon pour lui.


La guérison est un travail de longue haleine.

Depuis deux ans, certes je suis guérie, mais je continue, jour après jour, d’apprendre à écouter mes signaux internes.


Ne perd pas espoir, reste enthousiaste, prends bonne note de chaque pas en avant.


Surtout, il est important de ne pas te blâmer si tu rechutes.
Une crise ne fait pas « perdre » ta guérison : les crises ponctuelles ne font pas de toi quelqu’un qui est encore ancré dans le trouble alimentaire.

De plus ta maladie ne te définit pas.
Tu es quelqu’un de bien plus vaste, avec énormément de passions, énormément de choses à partager, de traits de caractère…
Non, tu n’es pas « boulimique » ou « hyperphagique ».
Tu es atteint.e de boulimie ou d’hyperphagie, c’est complètement différent.

Autorise-toi à vivre, à exister en tant que toi-même, même si tu n’es pas totalement libérée de ton trouble alimentaire.

Tu n’es pas coupable de ta maladie.
Tu n’as pas non plus besoin d’avoir honte de ce que tu fais avec la nourriture : c’est une maladie.
Tu n’aurais pas honte si tu avais des symptômes du cancer ou de la grippe. Aujourd’hui, tu as les symptômes d’une maladie qui est psychique et physique à la fois, et il serait bon que tu ouvres la parole à ce sujet.


Je le dis toujours : les troubles du comportement alimentaire sont multi factoriels.


Voici donc les différentes choses qui ont évolué dans ma vie en même temps que ma guérison, en parallèle de ma guérison, et qui te prouveront que guérir, c’est non seulement travailler sur son apport à l’alimentation et au corps, mais c’est aussi travailler sur d’autres dimensions de ton existence.

  • D’abord, j’ai énormément pris confiance en moi en parallèle de ma guérison.

J’ai travaillé sur ma timidité, sur ma façon de communiquer, mon rapport aux autres, ma façon d’exprimer mes émotions.

J’ai aussi déconstruit énormément de choses.

Je me suis renseignée notamment sur le sexisme intégré, et je me suis rendue compte à quel point j’étais moi-même remplie de sexisme sur différents points.

J’ai déconstruit ma vision de ce que j’avais envie de faire dans la vie, j’ai éclairé un peu plus ce que je voulais faire, qui j’avais envie d’être, quelles étaient mes passions…

Ma guérison a été la période où j’ai ouvert mon compte Instagram, où j’ai commencé à énormément échanger avec les internautes.
Je me suis peu à peu alignée avec moi-même, et avec mes valeurs.

  • J’ai également fait un grand ménage dans mes émotions, dans ma vie sentimentale, dans ma vie émotionnelle, amoureuse et intime.

J’ai commencé à me stabiliser, à me poser, à m’engager dans une relation de couple durable. Cela m’a vraiment aidée, rassurée.

Ta vie sentimentale peut être un facteur aggravant ou un énorme soutien, selon comment tu choisis de la vivre.

Je me suis beaucoup éloignée et détachée de certains problèmes familiaux que j’avais, qui me tenaient trop à coeur et impactaient fortement mon quotidien.


Je te parle de tout cela dans mes ebooks, en expliquant que pour guérir, tu as besoin de retrouver d’autres passions, d’autres activités dans ta vie.
Quand on s’est concentré pendant des années sur comment maigrir, comment perdre du poids, comment manger… cela devient notre quotidien.


Le fait de changer mon corps doit redevenir quelque chose de totalement accessoire voire insignifiant dans ta vie.

Cela te permettra de te concentrer sur tes vraies ambitions, tes vraies aspirations, qui tu es.
Peut-être qu’en supprimant tes préoccupations alimentaires et corporelles, tu as peur de ressentir un énorme vide. Quoi de plus normal ! Cela constituait ton quotidien.
Ce vide, tu peux le remplir avec toutes les choses que tu as laissées enfouies en toi, à cause de ta maladie.

Voilà pour cet article.


L’objectif est vraiment de te partager mon expérience, et surtout de t’aider à déculpabiliser, à y voir plus clair sur le chemin qui t’attend, une fois la décision prise de guérir.

N’oublie pas que tout est possible dans la guérison : ce que tu croyais impossible hier deviendra possible demain, je te le promets.

N’hésite pas à découvrir mes guides offerts sur l’amour de soi et l’acceptation du corps :

Prends grand soin de toi,

Myriam

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